« Le moment est venu pour les pays africains de profiter des nouvelles technologies », Aly Abou-Sabaa, Vice-président BAD

Lors de l’ouverture officielle du Forum ministériel, ce 10 décembre 2013 à Tunis, d’éminents orateurs du secteur privé, du gouvernement, du secteur de l’éducation et du développement ont convenu de l’impact crucial des technologies de l’information et de la communication (TIC) sur l’avenir de l’éducation et de la formation en Afrique.

Dans ses remarques liminaires, Aly Abou-Sabaa a souligné l’importance que la Banque accorde au rôle des TIC dans l’éducation. Il a déclaré que la BAD devrait « continuer à soutenir l’enseignement novateur s’appuyant sur des TIC. A savoir l’e- learning ».

Il a noté le défi auquel sont confrontés les éducateurs en Afrique, faisant allusion à l’étude de l’Unesco qui révèle que 30 millions d’enfants africains ne sont pas scolarisés. « Il est clair que la qualité de l’éducation doit être améliorée », a déclaré M. Abou- Sabaa. « Le moment est venu pour les pays africains de profiter des nouvelles technologies ».

Les TIC peuvent faire beaucoup, a-t-il ajouté ; elles peuvent aider les Africains à « devenir des participants à part entière dans la technologie moderne actuelle ». Il a également cité Nelson Mandela en ce jour de commémoration en la mémoire de l’ancien Président d’Afrique du Sud : « L’éducation est l’outil le plus puissant que nous pouvons utiliser pour changer le monde ».

M. Dzingai Mutumbuka, Président de l’ADEA, a déclaré qu’il faut « une nouvelle approche dans laquelle les TIC sont pleinement intégrées dans l’éducation et la formation ». Il a ajouté : « N’hésitez pas à profiter de cette merveilleuse plate-forme pour, comme on dit, sortir des sentiers battus… afin de donner à l’Afrique un système d’éducation moderne pour devenir le continent de l’avenir ».

M. Mongi Marzouk, ministre des Technologies de l’information et de la communication, a déclaré que son gouvernement prendrait note des recommandations du Forum. Le ministre a ajouté que les TIC sont une source de richesse et de développement des capacités et des connaissances. Il a fait référence à l’histoire de son pays dans le domaine des TIC et de l’éducation, rappelant que la Tunisie a créé une « école virtuelle » en 2002 et une « université virtuelle » en 2003.

Dans ses remarques, Mme Marie Jacqueline Nana Togola, ministre de l’Education nationale du Mali a déclaré : « Nous devons nous tourner vers les TIC et les utiliser au mieux pour améliorer l’éducation dans notre pays ». Elle a poursuivi en disant : « Les TIC au service de l’éducation nous permettront d’améliorer l’accès aux écoles et à l’éducation et nous permettront d’améliorer le système d’éducation de manière générale ». Elle a ajouté : « La technologie offre la possibilité de rendre l’éducation plus équitable ».

Le ministre a indiqué que son gouvernement avait rédigé un document politique pour l’introduction des TIC à tous les niveaux du système éducatif au Mali.

M. Anthony Salcito, le vice-président de Microsoft pour l’éducation dans le secteur public au niveau mondial a prononcé un discours d’introduction sur « les tendances des TIC dans l’éducation : en Afrique et au-delà ». Il a montré que les écoles traditionnelles et les méthodes éducatives sont dépassées et que ceci se reflète dans la désillusion des enfants à l’école après les premières années d’apprentissage des bases de la lecture et de l’écriture.

« Le contenu s’amenuise » dit M. Salcito en ajoutant que les élèves commencent à se demander : « pourquoi est-ce que j’apprends cela ? ». Les enseignants sont également désabusés, et 30 % des enseignants envisagent de quitter la profession ou de prendre une retraite anticipée a-t-il déclaré.

« L’apprentissage a changé » a-t-il déclaré, « mais nos écoles n’ont pas changé ». Les TIC ne remplaceront pas les enseignants, a déclaré M. Salcito, mais « les enseignants qui utilisent la technologie remplaceront les enseignants qui n’utilisent pas la technologie ». 

Le Dr. Peck Cho, éminent professeur à l’université Dongguk de Corée, un expert en éducation mondialement connu et considéré comme « l’enseignant des enseignants », a prononcé le discours principal lors de l’ouverture : « les médias intelligents dans l’éducation : une bénédiction ou une malédiction ? ».

Dans son discours, il a décrit la transformation remarquable de la Corée, une des nations les plus pauvres au monde devenue un des pays les plus dynamiques en une seule génération. Le Dr. Cho a expliqué qu’une bonne partie de la réussite de la Corée était due à la décision du gouvernement de se concentrer sur l’éducation. La Corée a-t-il dit n’avait « ni pétrole, ni charbon, ni fer», en un mot aucune ressource, et le pays a donc décidé d’investir dans le capital humain.

Il a ajouté qu’en 2009,  la Corée était devenue « le pays le plus connecté au monde ». Neuf élèves sur 10 en Corée possèdent un Smartphone. Les TIC ont transformé l’éducation, a déclaré le Dr. Cho. Au cours de ses 20 années d’enseignement, il avait pu atteindre environ 4000 étudiants en utilisant les méthodes traditionnelles. Aujourd’hui avec les TIC, il peut atteindre 40 000 étudiants grâce à l’enseignement à distance. 

Le Dr. Cho a déclaré que les TIC et l’apprentissage à distance étaient un cadeau pour l’Afrique dans le cadre de sa mission d’améliorer et d’étendre l’éducation sur le continent. Il a déclaré que l’Afrique pouvait « sauter » dans le nouveau monde de l’éducation axé sur les TIC et que le continent n’avait pas besoin de construire une importante infrastructure de lignes téléphoniques puisque les téléphones mobiles sont une réalité.

Le système d’éducation de l’Afrique pourrait s’améliorer et s’étendre considérablement sans « construire des écoles dans chaque village et dans chaque coin de l’Afrique ». Le Dr. Cho a noté que l’Afrique devait intégrer les TIC dans son système d’éducation, mais que trois conditions devaient être réunies. À savoir la réforme de la formation des enseignants, la réforme du programme scolaire et le leadership dans l’éducation.

Il s’est déclaré optimiste sur les perspectives de l’Afrique, et les perspectives de ses jeunes. Il a conclu en déclarant : « Si la Corée y est arrivée en 50 ans, vous pouvez le faire en dix ans ». Le Dr. Cho a également emprunté une citation à Nelson Mandela : « Cela semble toujours impossible jusqu’à ce que cela soit fait ».