Les TIC, une solution pour l'éducation des populations marginalisées africaines ?

Le forum sur l’intégration des TIC dans l’éducation en Afrique qui se déroule à Tunis nous a rappelé que la moitié de tous les écoliers du monde se trouvent en Afrique. Mais un grand nombre de ces enfants, et d’autres étudiants sont difficiles à atteindre pour des raisons diverses parmi lesquelles figurent l’endroit où ils vivent, la connectivité, la santé et des priorités divergentes.
Ce sont des populations marginalisées et une séance portant sur « L’utilisation des TIC pour développer les possibilités d’apprentissage des populations marginalisées » a eu lieu le 11 décembre, le dernier jour du forum de trois jours.
Gabriel Cohn-Bendit, secrétaire général du Réseau Éducation pour Tous en Afrique (REPTA), a ouvert la séance en décrivant comment son organisation avait ouvert des écoles en Afrique pour les enfants qui avaient été exclus de l’école pour diverses raisons. Il a expliqué, par exemple, qu’en Afrique, les parents pouvaient avoir besoin de leurs enfants dans les champs, alors son organisation a aidé à rapprocher les écoles et les classes de la communauté.
M. Cohn-Bendit a fait remarquer que lorsque les TIC étaient arrivées, il avait pensé : « Ce serait merveilleux pour l’Afrique » et que son organisation s’était battue en faveur de l’utilisation des TIC. Mais l’avènement des TIC a apporté ses propres défis, induisant le risque de voir la technologie exclure à nouveau ceux qui avaient déjà été exclus.
Son organisation a pu développer un logiciel pour apprendre aux enfants à lire et à écrire et a commencé à l’adapter en vue de son utilisation dans les langues africaines.
Mme Nafisa Baboo, consultante principale sur l’éducation inclusive pour l’organisation Light for the World a présenté un exposé : « Vers l’éducation inclusive : le potentiel des TIC accessibles pour accroître la participation à l’éducation et la réussite des personnes souffrant de handicaps ». Elle a indiqué que plus de 10 millions d’écoliers en Afrique subsaharienne souffraient d’un handicap. Elle a déclaré que s’ils étaient exclus de l’éducation en raison de leur handicap, leur exclusion aurait un effet direct sur l’économie. Une perte se situant entre 3% et 7% du PNB pouvait en résulter selon l’Organisation internationale du travail.
Sur les enfants scolarisés souffrant de handicaps, a déclaré Mme Baboo, 5% à 15% seulement ont accès à la technologie adaptée aux handicaps. Son organisation travaille à résoudre ce problème. Elle a signalé que « les appareils portables offraient le plus grand potentiel pour accroître l’autonomie des personnes souffrant de handicaps ».
Vivre dans des zones reculées en Afrique provoque la marginalisation. Taha Mansour, directeur de Tunisian e-School, a décrit la façon dont son pays a apporté l’enseignement en ligne aux zones isolées de son pays.
Même après la modernisation du système téléphonique tunisien en 2000, de nombreuses régions du pays sont restées sans connexion. Les autorités ont aidé à apporter des ordinateurs aux enfants de ces régions au moyen de bus équipés de la technologie. M. Mansour a décrit le projet comme « réussi mais avec des lacunes », en ajoutant que le pays devait intégrer les TIC dans les programmes scolaires.
M. Hamadou Saliah-Hassane de TELUQ Montréal à l’Université du Québec a décrit le travail de son organisation sur l’autonomisation des populations africaines marginalisées à l’aide de laboratoires mobiles en réseau sur Internet.
Il a indiqué que les enfants des zones reculées pouvaient devenir marginalisés et manquer l’école simplement en tombant malades, car ils n’ont pas accès à l’eau potable, et donc aider dans le domaine de l’eau et de l’assainissement peut faire partie de la réussite d’un projet éducatif.
Mme Abigail Cuales Lanceta du secrétariat de l’Organisation des ministres asiatiques de l’Éducation a fait un exposé sur « L’utilisation des TIC pour atteindre les exclus en Asie du sud-est ». Elle a décrit l’ampleur de la tâche en disant que les deux tiers de la population d’Asie du Sud-Est vivaient dans des villages.
Néanmoins, 78% des habitants d’Asie du Sud-Est utilisent les TIC : l’Internet à large bande est une réalité dans la région et 5 pays d’Asie du Sud-Est ont un taux de pénétration des téléphones portables de 100%. « Le reste rattrape son retard », a déclaré Mme Lanceta.
Elle a indiqué que la communauté de l’ASEAN avait un plan directeur sur les TIC pour la période 2010-15 et elle a reconnu les TIC comme un moteur de croissance. Elle a mis en évidence les groupes « sans attache » que son organisation essayait d’atteindre. Citons notamment les filles et les femmes, les familles migrantes, les apprenants souffrant de handicaps, les enfants des rues, les orphelins et les enfants et les personnes affectés par le VIH/Sida.